Les Aventurières de l'Âme du monde

De Hildegarde de Bingen aux « sorcières »,

des Béguines aux écoféministes contemporaines

Un cours du soir à Bruxelles, le 15 mai 2025, de 18h45 à 21h15

par Mohammed Taleb

 

« Water », Awad Abu Irmaneh, artiste palestinien, né en 1952 dans le camp de réfugiés de Rafah, dans la Bande de Gaza.

 

Il est des femmes dont la vie, plusieurs siècles après leur mort, continue d’éclairer les chemins d’aujourd’hui. Hildegarde de Bingen et les béguines comptent parmi ces figures de feu. Rebelles à l’enfermement, au confinement dans la sphère des affects, ces Aventurières de l’Âme du monde — comme j’aime à les nommer — ont incarné une féminité insoumise, créatrice, indocile et inspirée : une féminité qui pense, qui soigne, qui compose, qui prophétise, qui transforme.

Hildegarde, poétesse de l’invisible, musicienne du cosmos, thérapeute et théologienne mystique, n’a cessé de relier le corps, l’esprit et la nature dans une même respiration sacrée. « Le corps, disait-elle, est l'atelier de l'âme où l'esprit vient faire ses gammes. » Quant aux béguines, elles inventèrent au cœur des villes médiévales une manière libre et novatrice d’habiter le monde, à l’écart des congrégations traditionnelles comme des carcans sociaux. Entre autonomie spirituelle et solidarité concrète, elles furent aussi créatrices dans l’ordre des arts et de la pensée. Elles affrontèrent la répression brutale d’un pouvoir clérical et patriarcal, qui ne supportait ni leur liberté de penser, ni leur indépendance de vie. Elles refusaient la réduction à une sorte de féminité sacrée émotionnelle. Marguerite Porete, figure majeure de cette insoumission spirituelle, fut brûlée vive en 1310 à Paris pour avoir osé affirmer qu’une femme pouvait parler de Dieu sans passer par les filtres de l’institution ecclésiale.

Mais ce souffle insoumis et créateur ne s’est pas éteint. Il s’est maintenu dans le temps et se prolonge aujourd’hui dans les luttes des femmes autochtones d’Amérique latino-afro-indienne, telles que Berta Cáceres, militante écologiste assassinée pour sa défense de la terre et des peuples. J’ai aussi en mémoire Sœur Dorothy Stang, religieuse dévouée aux paysans sans terre d’Amazonie, tuée pour son engagement auprès des plus vulnérables. Il se manifeste encore dans la résistance quotidienne des femmes palestiniennes — poétesses, infirmières, enseignantes — qui, au cœur de l’oppression, maintiennent vivantes la mémoire, la culture et la dignité, au prix parfois de leur vie, comme Razan Al-Najjar, jeune secouriste tuée alors qu’elle portait assistance aux blessés.

Entre mystique et politique, soin du vivant et quête de justice, ces femmes relient l’intime et le collectif, l’âme et le monde. Elles incarnent une mémoire vivante et active, nourrissant aujourd'hui les luttes pour une spiritualité incarnée, une justice sociale et de genre, une écologie radicale et une poésie/narration du monde.

Ce cours est une invitation à redécouvrir ces présences subversives et lumineuses, non comme de simples curiosités du passé, mais comme de véritables sœurs d’espérance pour notre temps.

 

Tarifs : 30 euros (tarif réduit : 25 euros pour retraité·e·s, étudiant·e·s, personnes en situation de précarité) Le cours sera enregistré. Les personnes ne pouvant être présentes ce jeudi 15 mai pourront l’acquérir et l’écouter à leur convenance. Les conditions tarifaires sont les mêmes.

 

Les inscriptions sont ouvertes :

culturegenerale@mohammedtaleb.info